Maryse Letarte, travailleuse autonome (Marie-Christine Blais, La Presse)

Crédit photo: Robert Skinner, La Presse
Crédit photo: Robert Skinner, La Presse

Marie-Christine Blais, La Presse

Non, Maryse Letarte ne sort pas un deuxième disque de Noël, même si la pochette de son nouvel album Ni le feu ni le vent, est dans les tons de Des pas dans la neige (2008): or, blanc et noir. Mais oui, on y trouve le chatoyant de la voix de Miss Letarte et de ses arrangements, la pureté de ses mélodies, la pointe d’obscur qui sous-tend tous ses textes depuis ses débuts. Rencontre avec une fille enceinte jusqu’aux yeux, mais qui sort un album et entreprend une tournée de spectacles.

Maryse Letarte doit accoucher d’une petite fille, fin janvier. Mais elle met d’abord au monde un nouvel album qu’elle a très longtemps porté. «En 2007, je travaillais déjà à Ni le feu ni le vent», explique-t-elle en sirotant un jus d’orange-canneberges. «J’avais écrit plusieurs chansons. Et puis, un jour de novembre, une personne à qui j’explique que mon anniversaire est en décembre me lance «pas chanceuse, en plein dans le gros stress des Fêtes!»

«Moi, reprend-elle, j’avais toujours associé Noël à la joie, mais cette phrase m’a frappée et ça m’a inspiré la chanson Ô traîneau dans le ciel sur le sujet de la folie du temps des Fêtes.» Pour être brève, disons que cette chanson est mise sur l’internet, qu’elle génère beaucoup d’intérêt, que Maryse Letarte écrit ensuite une chanson sur le blizzard, enfin qu’elle compose peu à peu des morceaux sur le thème de Noël et de l’hiver: «J’avais donc l’intention de sortir deux disques en même temps en 2008: un disque de Noël et… le disque qui sort mardi!» Finalement, en 2008, seul le premier sort: baptisé Des pas dans la neige, il devient un succès-surprise (mérité). La chanteuse en vend plus de 20 000 exemplaires, sans soutien véritable de l’industrie. On peut l’acheter cette année aussi, si ce n’est déjà fait…

Une fois l’euphorie passée et «et la pression que je me mettais à me demander ce que les gens attendaient de moi après ça», explique Maryse Letarte, la chanteuse reprend la plume, le clavier, l’ordinateur et recommence à travailler sur son cinquième album, qui deviendra Ni le feu ni le vent. Car Maryse Letarte est une «travailleuse autonome» et une «petite entrepreneure» en soi. Elle fait tout ou presque sur ses albums, l’ancienne étudiante en «songwriting» de la Grove School of Music of Los Angeles, où elle a étudié après des études en piano et en composition pour… big band, à McGill et au cégep Saint-Laurent: «J’ai même lancé la page Facebook de la Grove School», dit en riant la chanteuse dont les inflexions sur disque rappellent celles de Keren Ann, de Kate Bush (une de ses premières idoles), Françoise Hardy à ses débuts…

Particulièrement la Françoise Hardy des années 60, pour la voix qui glisse sur l’air et certains de ses arrangements très chouettes, et Keren Ann pour le côté délicat de son timbre. Ce dernier point tient aussi à la seule tâche confiée en «impartition» sur cet album: le mixage de Ni le feu ni le vent a été fait par le fameux Belge Erwin Aurique, qui a travaillé avec Benjamin Biolay, Keren Ann, Indochine, Renan Luce, Niagara, Urban Dance Squad et des tas d’autres. Le travail s’est fait à distance: «Ça m’a donné le recul dont tout le monde me dit que je ne l’ai pas parce que je fais tout, tout le temps», convient Maryse Letarte en riant. Elle a tout de même fait appel aussi à quelques musiciens amis: violons, violoncelle, basse, batterie pour l’album… «Mais je leur demande aussi d’enregistrer des pistes musicales qui serviront à mon prochain disque!» explique l’industrieuse Maryse.

Les textes de Ni le feu ni le vent parlent d’amour, d’être disparus, de fantasmes: «Cette fois, j’ai vraiment réussi à imaginer certaines situations, comme dans Ah que je t’aime! où une fille rêve d’un homme qu’elle voit à travers la fenêtre. Franchement, ici, on ne voit personne à travers les fenêtres, on ferme nos rideaux! Mais dans les films, cela arrive tout le temps, je me suis donc imaginée comme une héroïne de film. Si je suis capable de plus d’imaginaire dans l’écriture, c’est grâce au disque de Noël: ce n’est pas facile, imaginer l’hiver et Noël quand tu composes en plein été! J’ai été obligée d’être comme le peintre qui n’a pas son modèle devant lui, mais qui peint tout de même.»

Ses chansons ont justement des airs d’aquarelle… En compagnie de cinq amis musiciens particulièrement doués, croyez-moi, elle interprétera en spectacle les morceaux de Des pas dans la neige et de Ni le feu ni le vent pendant une mini-tournée qui s’arrête notamment à Montréal (à La Tulipe le 7 décembre). Et après la tournée, Maryse? Ce sera le congé de maternité. Mais ça m’étonnerait que Maryse Letarte se contente d’un seul bébé.

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