Sous les projecteurs – Maryse Letarte (Guillaume Moffet, VOIR)

voir-logoSon quatrième album Ni le feu, ni le vent relève du petit exploit. Au-delà de ses talents indéniables d’auteure-compositrice, Maryse Letarte se démarque en tant qu’arrangeuse hors pair, conférant à ses douces dentelles romantiques et éthérées au piano des airs de films d’amour de Claude Lelouch, avec ses cuivres, flûtes, hautbois et cordes qui bercent majestueusement l’opus. Ce concert, il avait été prévu pour décembre 2010, puis reporté un an plus tard en raison de l’arrivée dans la vie de Letarte de Stella, son grand bonheur de petite fille. Il va sans dire qu’on l’attend de pied ferme. Le 2 décembre au cabaret La Basoche.

Guillaume Moffet, VOIR

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Maryse Letarte poursuit son opération charme (Philippe Renault, Rue Frontenac)

logo-RueFrontenacBien des artistes populaires optent pour l’album de Noël lorsque le succès commence à se faire tirer l’oreille. Maryse Letarte a suivi le chemin inverse. Elle s’est révélée au grand public avec la sortie du disque Des pas dans la neige, il y a deux ans. Elle poursuit maintenant son opération charme avec Ni le feu, ni le vent. Elle combinera ces deux univers le 7 décembre au cabaret La Tulipe.

«Cette série de spectacles (qui débutait jeudi dernier à Sorel) est de saison pour offrir Des pas dans la neige. Mais je voulais surtout présenter mon dernier album. L’automne prochain, quand je vais donner une nouvelle série de spectacles, je vais pouvoir délaisser Des pas dans la neige et proposer mes autres chansons», évoque-t-elle.

En effet, le répertoire de Maryse Letarte (www.maryseletarte.com) est beaucoup plus vaste que l’on pourrait penser. Sa carrière n’a pas débuté en 2008 avec ce disque de Noël aux compositions originales. Elle avait précédemment sorti trois autres albums, dont un sous le pseudonyme Rita-Rita. Mais dans tous ces cas, le succès populaire aura été mitigé. Le défi consiste maintenant à surfer sur le vent favorable qui la porte afin de s’implanter en dehors du créneau de la musique des fêtes.

«Mon album n’était pas comme les autres albums de Noël. Si j’avais fait des covers, je ne me serais pas fait découvrir de cette façon. Les gens ont découvert mes compositions, qui abordent les thèmes de l’hiver et de la fin de l’année», spécifie la multi-instrumentiste et réalisatrice diplômée de la Grove School of Music de Los Angeles.

«Je ne me suis jamais posé de questions sur la perception que les gens pouvaient avoir de moi. J’avais déjà commencé mon nouvel album au moment de sortir Des pas dans la neige. Quand j’y suis revenue après cette euphorie (plus de 20 000 exemplaires se sont envolés), j’ai senti le besoin de composer de nouvelles chansons pour voir où j’étais. J’ai aussi retravaillé les pièces et les arrangements déjà faits pour les rafraîchir. J’ai tout fait moi-même. Mais je ne sentais pas de pression parce que je considère que Des pas dans la neige est plus connu que ma personne. Je ne suis pas une star qu’on reconnaît dans la rue. Tout reste dans le processus créatif, sans compter que je bénéficie déjà d’un bel élan», enchaîne-t-elle.

Maryse Letarte offrira pour la première fois sur scène les titres de son album Des pas dans la neige, en plus de ceux de Ni le feu, ni le vent, le 7 décembre.


Faire vivre l’album

Cet élan sera cependant quelque peu freiné au cours des prochains mois. C’est que Maryse Letarte est sur le point d’accoucher. Ce n’est peut-être pas le timing idéal, surtout qu’elle n’a donné que très peu de concerts depuis 2008. La principale intéressée assure toutefois qu’elle donnera à Ni le feu, ni le vent toutes les chances de se faire valoir au cours des prochains mois, ce qu’elle n’a pas nécessairement pu faire avec Des pas dans la neige.

«Je n’ai pas encore donné un seul show pour Des pas dans la neige. Tout s’est passé tellement vite! L’album est sorti en novembre, mais personne n’y croyait à ce moment. Il aura suffi qu’un journaliste en parle pour que le feu prenne. Tout s’est passé en quelques semaines. Mais des spectacles, ça se planifie à l’avance. L’année d’après, il a été question de shows, mais tout a avorté pour des raisons personnelles. J’ai donc vendu 20 000 exemplaires sans donner de show!

«Dans ce cas-ci, j’ai déjà des engagements pour l’automne prochain. D’ici là, Internet va faire en sorte que je vais rester présente. Des singles, des capsules vidéo et des clips vont sortir. Ce n’est pas un album que je vais travailler sur trois semaines. Je vais le faire vivre.»

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Maryse Letarte – La vie au long cours(Antoine Léveillée, VOIR)

voir-logoMaryse Letarte nous propose Ni le feu, ni le vent, un exercice d’écriture intimiste qui ne se veut pas racoleur. Tout s’y expose en musique et devient translucide.

Elle est enceinte jusqu’aux oreilles, mais ne sautez pas trop vite aux conclusions. Lorsque vous écouterez la chanson Petit Homme, dites-vous bien que c’est plutôt une fille (Stella) que Maryse Letarte attend avec impatience. “Je sais que vous n’êtes pas très people au Voir, mais je te le dis quand même. En fait, j’ai écrit ce texte pour ma soeur qui a eu un garçon. Je le lui avais lu en présence de la famille. Tout le monde était bien ému, et c’est ce que je voulais! Je l’ai repris pour en faire une chanson, en enlevant quelques passages, car le poème était beaucoup plus long.”

C’est bien à l’image de l’auteure-compositrice-interprète, qui semble toujours prendre en note dans son carnet personnel les beautés et les aléas de la vie. Une forme d’introspection lucide qui, sur une chanson comme Non merci, n’emprunte pas quatre chemins pour résumer l’amour. Des temps d’arrêt qui prennent la forme de miniatures musicales salvatrices. Sur son nouvel album intitulé Ni le feu, ni le vent, mixé par Erwin Autrique (Keren Ann et Benjamin Biolay), sa démarche musicale prend des teintes impressionnistes. Aux cordes (violon, violoncelle) s’additionnent la flûte traversière, le flugelhorn ou le hautbois. Avec le piano qui trône au centre, cette instrumentation nous dévoile un souci du détail presque pointilliste.

Quelques thèmes semblent chers à l’auteure, dont cette réalité qui s’impose parfois comme un mirage qu’on ne voudrait pas remettre en question. “Tu dois penser à Icône, j’imagine. Ça remonte à l’adolescence. On se convainc que ce sera génial de voler de ses propres ailes, on veut que ça arrive le plus vite possible, ça motive notre élan. Rendu là, tu te rends bien compte que c’est très différent de ce que tu pouvais imaginer. Moi, ce fut par rapport à la musique. À l’époque, il y avait cet homme qui m’influençait beaucoup. Ce qui m’a inspiré cette chanson, c’est quand je l’ai rencontré pour de vrai, dans sa réalité. Une personne ordinaire, qui vit en retrait, désillusionnée par l’industrie de la musique. Pour moi, c’était tout autre chose comme vie. Mais il faut voir cette chanson comme une forme d’hommage aussi”, un hommage à un destinataire dont elle préfère taire l’identité.

Le même exercice s’expose avec J’en sais peu ou prou de la réalité, je peux toujours rêver, je ne te reconnais plus du tout, une chanson qui rivalise pour une place en tête du palmarès des titres les plus longs. “Cette fois-ci, c’est plus personnel, précise-t-elle. Il arrive un moment dans un couple où l’autre avec qui tu partages ta vie se dévoile à toi sous un tout autre jour. Tu te crées une image, une idée sur sa personnalité, et tout d’un coup tu constates que ce n’est plus vrai. Tu restes adulte, il ne s’agit pas d’un psychodrame hystérique. Tu en discutes, mais c’est tout de même un choc. On pense connaître quelqu’un, mais en réalité on extrapole.”

Tout ça est chanté avec cette voix atypique et parfois vulnérable qui laisse de côté les artifices. Celle qui se considère avant tout comme une arrangeuse de musique cultive une esthétique bien singulière qu’on aurait du mal à comparer à celle de Coeur de pirate. “On peut faire de la musique romantique sans que ce soit sirupeux, indique-t-elle. Il y en a pour qui des chansons romantiques, où l’émotion est importante, c’est impossible. Ils ne veulent pas toucher à ça. Ils pensent au cliché amour-tendresse, mais ce n’est pas que ça! C’est un art de jouer avec l’émotion. C’est bien le fun des guitares électriques et une voix qui écorchent, mais souvent ce n’est qu’une façade. Tu peux aussi écrire un texte abstrait, où personne ne saura de quoi tu parles; c’est sûr que tu ne te feras pas niaiser. Quand j’écris, je reconnais les limites de ce qui pourrait rendre un texte mièvre. Ces émotions, je les assume.”

À écouter si vous aimez /
Keren Ann, Andrea Lindsay, Lykke Li

Antoine Léveillée, VOIR

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