LAPRESSE_LOGO_CoulIl y a deux ans, elle a fait un album pop avec pour thème l’hiver et ses festivités. On a eu tôt fait de considérer Des pas dans la neige comme un album-concept du temps des Fêtes. Vendu à plus de 20 000 exemplaires, cet opus est aujourd’hui mieux connu que sa créatrice ne l’est à la sortie de son cinquième album ! Puisque nous faisons ce week-end nos premiers pas dans la neige, les premiers d’une longue série (…), l’occasion est belle de vous causer de Maryse Letarte.

Amorcée depuis les années 90, la carrière d’auteure-compositrice-interprète a été laborieuse pour cette femme. La vie publique, la communication directe semble lui exiger des efforts considérables… ce qui m’a souvent laissé l’impression qu’elle préférerait passer son existence entière dans un studio-bulle d’où émanerait sa création sans qu’elle n’ait à la défendre au dehors. Et, contre toute attente, Des pas sur la neige a surgi au pied d’un arbre, l’arbre de cet album alors en préparation :Ni le feu ni le vent.

Il ne faut pas se méprendre avec Maryse Letarte, difficile à saisir d’emblée. Il faut déployer ses antennes pour découvrir ses vertus créatrices, il faut leur laisser le temps de se dévoiler. Le dévoilement, d’ailleurs, se poursuit le 7 décembre prochain à La Tulipe.

Quelques écoutes son nécessaires à l’accueil des vibrations émises par cet être humain certes complexe mais dont le talent finit néanmoins par se révéler. Dans cette bulle où fut créé Ni le feu ni le vent, elle a arpenté son intériorité. S’est adressée à l’être aimé. A rêvé au creux de son lit d’un être cher passé à une autre dimension. Débusqué le merveilleux dans sa vie de banlieue. Ciselé un romantisme assumé, parfois exacerbé par une surabondance de fleurs bleues. Certes, les lettres de Maryse Letarte ont progressé sans que l’on puisse conclure à la grande affaire. Les notes , elles, avaient déjà fait pas mal de chemin – et plusieurs pas dans la neige !

Maryse Letarte est de ces rares compositrices de chansons pop d’ici qui puissent témoigner d’une telle connaissance harmonique, d’une telle maîtrise de l’orchestration, d’une telle connaissance de la pop classique pré-rock – je pense entre autres à Van Dyke Parks. Vu la voix feutrée et ténue de son interprète, les arrangements et la réalisation s’avèrent délicats, développés à sa mesure. Fin mélange de technologies numériques, cordes soyeuses, bugle staccato à la Burt Bacharach (une influence plus qu’évidente), hautbois, flûte traversière, piano électrique, piano, etc.. Même lorsque les rythmes s’échauffent un tant soit peu, les propositions restent cristallines. Maryse Letarte est ainsi construite… et arrive ici à extirmer le meilleur de son expression.

Alain Brunet, La Presse

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